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mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
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3 décembre 2007

pourquoi vous m'avez fait naître?....

pourquoi vous m’avez fait naître ?

voici la question qui a raisonné dans mon esprit durant toute mon enfance d’aussi loin que je m’en souvienne…je n’ai jamais compris comment des parents responsables pouvaient donner la vie à un enfant dans ces conditions…comment alors qu’il n’y a plus que haine, indifférence, dégoût, exaspération entre un homme et une femme, comment et pourquoi décident-ils d’avoir malgré tout un enfant…alors voilà, je suis née parce que ma sœur aînée voulait un petit frère…si l’on résume la situation ma mère a donc fait un petit frère à sa fille aînée…qu’en est-il du désir de mon père dans tout cela, qu’en est-t-il du désir de mon père pour ma mère et de ma mère pour mon père….aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai le sentiment d’avoir eu toujours conscience de cette situation. il faut dire que j’ai tellement entendu dire que ma sœur voulait un petit frère, que ma mère ne voulait pas de deuxième enfant (par peur de lui transmettre l’eczéma et l’asthme dont elle a été victime enfant…), que mon père ne voulait pas d’enfant…comme par hasard, on me donne pour prénom un prénom mixte largement plus usité dans sa forme masculine que féminine…comme par hasard, durant toute mon enfance, j’ai été un véritable garçon manqué : cheveux courts, pantalon, sport, jeux de garçon : petites voitures et compagnie, … et surtout ce sentiment fort que ma mère préfère les garçons…(elle n’a que des amis hommes, il n’y a que son mari qu’elle méprise…)…comment peut-on donc donner naissance à un enfant sans qu’il y ait à la source un véritable désir d’avoir un enfant…certes, on a beau me dire qu’une fois que j’ai été là, tout le monde m’a aimée…mais je n’ai pas ressenti les choses ainsi : pour moi je décevais dés le départ : je naissais fille, avec de l’eczéma, je n’étais pas très jolie, je n’avais pas beaucoup d’amis pour ne pas dire pas d’amis…car je m’isolais du fait de l’eczéma par peur que les autres, eux me rejettent…mais ça ma mère ne devait surtout pas le savoir…donc je mentais(déjà !),je parlais de mes amis imaginaires quand elle me demandait si ça s’était bien passé à l’école…et moi, je me réfugiais dans ce monde d’amis imaginaires pour me sentir un peu moins seule, un peu moins triste de l’aveuglement de ma mère à ma souffrance face au rejet des autres. très tôt, j’ai ressenti cette injonction à me taire, ne pas dire les choses qui dérangent, donner l’illusion d’une famille où tout va bien…très tôt, j’ai ressenti le danger d’exprimer ce que l’on pouvait ressentir au fond de soi : tous ces sentiments négatifs, cette tristesse, cette souffrance et détresse, ce sentiment de ne pas être acceptée tant dans ma famille qu’auprès de mes camarades de classe…surtout ne rien dire…tout garder en soi pour ne pas venir troubler la sérénité apparente de la famille modèle…très tôt, j’ai donc appris à enfouir mes émotions, mes désirs au plus profond de moi et me brancher sur les autres pour avoir l’émotion, l’attitude juste, attendue, …et c’est essentiellement, sur ma mère que je me suis branchée…je me suis appropriée tous ces désirs, toutes ces envies, toutes ces idées, dans l’unique but de la rendre heureuse : de suppléer aux failles de mon père qui ne tenait absolument pas son rôle de mari et surtout réparer la déception que j’ai suscitée en elle de naître et de naître eczémateuse…j’ai toujours eu ce sentiment que dés lors ma mère n’a eu de cesse de vouloir rattraper les lacunes, les manques, les souffrances de sa propre enfance…c’est pourquoi elle a fait l’inverse de sa mère, elle m’a surprotégée pensant me laisser un maximum de liberté…mais j’ai très mal vécu et surtout faute de dialogue je n’ai pas compris quelle était sa volonté, qu’elle voulait avant tout bien faire…je me suis toujours sentie opprimée par la présence de ma mère, sous sa dépendance, dans son ombre, son omniprésence me faisant lourdement sentir que je n’étais pas capable de me prendre en charge seule…et pourtant, dés 6 ans, je rentrais seule de l’école dans une maison vide où j’attendais impatiemment le retour d’une présence rassurante terrorisée à l’idée qu’il puisse y avoir un voleur dans la maison, et pourtant dés 7ans, j’étais capable de me faire à manger seule et passer une soirée seule…voilà donc une enfance sous le signe de la confusion entre solitude et omniprésence/omnipotence maternelle…l’absence paternelle, ce père à qui j’en ai toujours voulu de ne pas satisfaire sa femme et d’éprouver alors le sentiment  d’avoir à rendre ma mère heureuse à sa place…un père à qui j’en ai toujours voulu de ne pas avoir joué son rôle de tiers séparateur protecteur d’une mère intrusive, fusionnelle, placée sur un piédestal…je lui en ai voulu au point de souhaiter sa mort pour que ma mère puisse se remarier et ainsi être heureuse, me donner un père et pourquoi un homme qui serait capable de faire entrer une notion inconnue dans la famille :  la communication…loin des tabous qui pourrissent l'existence...

maintenant, quand je me retourne sur cette enfance qui en apparence, matériellement, présentait toutes les conditions pour être dite heureuse…non je ne manquais de rien…je manquais juste de paroles, de mots, d’émotions, d’envies, d’affects…je souffrais juste du silence, de cette injonction à me taire, ne pas dire, ne pas ma plaindre, ne pas dire que je me sentais mal dans ma tête, dans mon corps…ne pas décevoir encore et toujours ces personnes qui m’aimaient mais qui étaient pourtant insensibles à ma détresse…alors oui quand je me retourne sur mon histoire, quand je vois comment dés le départ je ne me suis pas sentie autorisée à vivre…je me dis que je ne pouvais qu’en arriver là dans cette état-là aujourd’hui à 31ans…tout mon parcours jusqu’à maintenant n’est que la suite logique de situations qui s’enchaînaient les unes autres... je ne pouvais que tomber dans l’anorexie mentale….

maintenant, je prends conscience aussi de la situation, de la réalité de la situation que ce que j’ai vécu n’a rien de normal, que même si j’aime profondément ma mère, j’ai le droit de lui en vouloir d’avoir agi comme elle l’a fait jusqu’à maintenant, d’avoir toujours agi en fonction d’elle tout en disant agir pour mon bien…j’ai le droit et même le devoir d’exprimer ces émotions refoulées qui me détruisent et me pourrissent insidieusement de l’intérieur… et ce n’est d’ailleurs, j’en suis maintenant persuadée que quand je parviendrais à lâcher prise sur la maîtrise encore trop présente de mes émotions et sentiments, même si je sais et me rends compte avoir fait d’immenses progrès, que je pourrais enfin me construire, désirer pour moi, avoir  mes propres envies, penser par moi-même, dire ce que je pense, faire ce que j’ai envie de faire, réagir de telle façon parce que je l’ai moi-même décidé que je pourrais exister pour moi-même, avoir une identité propre qui ne soit plus celle de ma mère, et plus généralement celle que je pense que les autres attendent de moi ; que je pourrais enfin vivre, m’autoriser à vivre me  sentir vivre, et vivre heureuse et épanouie…le prix à payer étant alors d’aller voir au-delà de ses peurs, au-delà de ses peurs d’exprimer et ressentir ses émotions…de les laisser s’exprimer sans vouloir à tout prix les maîtriser…

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Commentaires
S
Très poignant ton analyse.<br /> Quel chemin tu as du faire pour en arriver là. Si ca c'est pas un signe du chemin positif que tu prends. (parce que ca c'est sur que on peux certainement pas soigner quelquechose si on ne sait pas quel mal on a, tous les médecins nous le diront, en tous cas ils devraient)<br /> Je viens sur ton blog pour la première fois aujourd'hui et je pense que je reviendrai souvent car, allez savoir pourquoi, je me sens très proche de toi. Je te souhaite plein de bonnes choses.<br /> A bientôt sûrement
mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
  • mon naufrage dans les affres d'une maladie d'une perversité absolue...mon combat pour en sortir... anorexie mentale, tu t'es incrustée insidieusement dans ma vie...ce cauchemar absolu...me réveillerai-je un jour sans toi...
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