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miss yaourt :je comprends ce que tu veux dire quand tu évoques le fait de vivre en circuit fermé repliée sur la maladie mais le problème est que c’est aussi cette maladie qui fait que je me suis repliée.la dénutrition limite énormément le champ de vision, de pensées et d’actions.c’est le processus du serpent qui se mord la queue : la dénutrition entretient les angoisses qui entretiennent la dénutrition…et ce cercle vicieux, je ne sais vraiment plus comment en sortir, j’ai beau multiplier les tentatives, j’ai le sentiment que tout est voué à l’échec…je ne dois sans doute pas viser les bonnes choses et avoir les bonnes actions mais je suis tellement fatiguée par toute cette maladie et ses retentissements sur ma vie-ma non vie plus exactement-je ne supporte plus tout ça, mais je ne parviens pas à en sortir car j’ai le sentiment que sans elle ça serait encore pire…oui je voudrais bien penser à autre chose, malheureusement, j’ai acquis une double pensée et quoique je fasse, les doutes,les pensées anorexiques sont là,les tocs et rituels me parasitent…c’est épuisant car ça demande une concentration intense.j’aimerais me distraire, faire distraction mais il n’y a pas de place -je ne laisse pas de place sans doute- au plaisir…tout est automatisé, tout est ritualisé chez moi…et il ne reste pas de place pour le plaisir, pour l’imprévu…chaque élément nouveau, chaque action nouvelle est susceptible de devenir rituel et automatisme car je ne peux supporter que quelque chose m’échappe, je veux tout maîtriser sans me rendre compte que c’est ce besoin avide et infini de contrôle qui me maîtrise…je me bats contre les rituels alors que je devrais me battre contre les causes de ce besoin mais sans doute est-ce plus facile, plus économique pour moi de penser que je dois me battre contre les rituels…or ça ne mène vraiment à rien…dans ces conditions, ce qui me panique ça ne sont pas les choses en elles-mêmes mais bel et bien le fait de ne pas sortir de cette situation, de ne pas savoir comment me battre, de me sentir enfermée tout en ayant la clé entre les mains…c’est une sensation super désagréable…un peu comme si tu avais quelque chose juste en face de toi que tu convoitais avec beaucoup de ferveur et que quand tu tends la main pour la saisir il y avait un obstacle invisible, imperceptible : tu ne sais pas à quoi tu dois t’opposer,à quoi tu dois t’imposer…enfin,j’ai mis des années avant de parler de ces tocs : ils sont apparus avant l’anorexie et pourtant je n’en ai parlé qu’après…l’anorexie n’a fait que les renforcer,ils ont évolués, ils sont passés de l’angoisse de voir un proche mourir,d’être abandonnée, à l’angoisse de prendre du poids,ils se sont cristallisés autour de l’anorexie et se sont bien ancrés en moi…ma seule peur était qu’on se rende compte de leur présence, j’ai donc développé toutes sortes de stratégies pour m’y astreindre de façon inaperçue, j’avais tellement peur qu’on se rende compte d’à quel point j’étais folle…et j’avais tellement peur que rien que d’en parler ça provoque mes pires craintes, que ces tocs ne protégent plus de ce dont j’illusionne qu’ils me protégent…et encore maintenant j’ai beau savoir qu’ils n’ont aucun autre pouvoir que me pourrir la vie et m’angoisser bien plus qu’ils ne me sécurisent,je n’arrive pas à lâcher car je ne sais plus comment on vit sans, de façon spontanée et j’ai également peur que sans eux ce soit encore pire…la thérapie comportementale, j’avais tenté spécifiquement par rapport à l’anorexie mais j’ai pris peur et je ne suis jamais allée à la 3em séance : le chiffre étant un chiffre phobique pour moi…maintenant que j’ai franchi le pas de parler des tocs, il est question que j’en fasse une.mais l’équipe préfére attendre l’hospit’ de septembre pour qu’elle soit entreprise afin que je sois encadrée et protégée de moi-même durant ce temps car ça risque d’être très violent compte tenu de l’ampleur de la situation…
lcm : la rage,j’aimerais tellement l’avoir contre cette maladie…au lieu de ça, j’ai l’impression de l’entretenir cette sal** de maladie…serais-tu toi aussi dijonnais-naise ?merci de tes encouragements…
cocole : je comprends que compter à 5g prés t’apparaisse complètement aberrant…mais c’est bel et bien la réalité dans ma réalité où chaque calorie est traquée comme la peste…pour te dire, j’y regarde même à deux fois avant de prendre de temps en temps un coca light lemon au lieu d’un classique car ça représente plus de calories…5g de plus ce n’est peut être rien dans une alimentation normale et suffisante mais quand on se situe dans des quotas caloriques bien trop bas-je le sais-ça représente tout de suite beaucoup trop…et encore j’ai progressé je ne pèse presque plus certains légumes, juste les légumes-fruits…oui je sais, c’est fou…je considère de toutes façons mon comportement comme une aliénation donc t’inquiète je ne m’offusque pas de ta remarque…l’anorexie rend délirant dans le sens où tu te détaches de la réalité…
ma mawie :comme je suis heureuse de te lire…je n’osais plus t’appeler j’avais peur d’être trop imposante et que ça te soûle…j’attendais donc patiemment mais impatiemment que tu me donnes des nouvelles…ce que je préférerais tu t’en doutes à une citation d’auteur !…mais je sais que c’est très dur pour toi et je sais que tu sais que je n’attends pas un ça-va-qui-cache-une-agonie…j’attends juste que tu ne trahisses pas ce que tu peux ressentir…et que tu me fasses confiance car tu sais que si je peux t’aider même dans une infime proportion je le ferai pour toi avec un immense plaisir…je suis là et tu le sais…
elyse…que dire que tu as sans doute raison, mais au fond de moi, c’est tout le contraire…je ne pense pas vraiment souffrir…injustement non c’est amplement mérité : tu sais cette foutue culpabilité de vivre…alors oui j’ai besoin à quelque part de cette anorexie pour vivre, pour me sentir autorisée à vivre…même si par de rares moments de lucidité-ou d’inconscience ?!- une partie de moi éprouve le besoin de se révolter…de revendiquer le droit de vivre et vivre bien, à sa place…
merci à vous de me soutenir autant, je suis trés touchée...