à tous ces fantômes qui hantent mon esprit...
une semaine longue et difficile touche à sa fin…parsemée de crises d’angoisses, d'un sms assassin de "toi", de pas en arrière, d'un bail de trois mois qui s'enracine dans la douleur, dans la culpabilité, d’images et d’attitudes liées à la maladie trop souvent vécues…et ça je ne le veux plus…je ne veux plus vivre avec ce parasite, ce monstre en moi…je ne supporte plus toutes ces attitudes anorexiques : mensonge, dissimulation, exposition, voire même exhibition de sa maigreur…autant d’attitudes irrespectueuses envers autrui qui me font fuir comme la peste…je ne prétends pas être parfaite, il m’arrive de commettre encore -bien trop souvent, dirais-je- des faux-pas, encore trop, beaucoup trop de dissimulations et comportements anorexiques mais bien moins qu’avant et surtout je ne pense pas manquer de respect aux autres patients, ni nuire à quiconque qu’à moi-même…malgré tout, je ne supporte plus mes attitudes anorexiques…je n’ai plus qu’une seule certitude : je veux m’en sortir…toutes les certitudes liées à la maladie tombent une à une, et c’est tant mieux…mais alors pourquoi ai-je donc si peur d’avancer…je fais un pas en avant, un pas en arrière, voire deux…et je piétine…si seulement je pouvais piétiner la maladie…je n’en veux plus, je veux m’en sortir, c’est un leitmotiv qui tourne en boucle dans mon esprit…alors pourquoi oui pourquoi je n’avance pas plus vite, pourquoi mes peurs me tétanisent au point de ne plus pouvoir bouger, de ne plus pouvoir me lever sinon je tombe, de ne même pas pouvoir appeler au secours, seules les larmes sortent de mon corps, je voudrais tant qu’elles entraînent avec elles les angoisses…ces angoisses venues de nulle part, diffuses, confuses, irrationnelles, insignifiantes, inidentifiables, ces angoisses ovni…qui font si mal qui m’empêchent de respirer et me laissent autant de douleurs physiques que psychiques…je voudrais tellement sortir de là, je voudrais tellement arrêter de me sentir coupable de tout, de rien…je voudrais tellement m’approprier ce corps…m’apprivoiser…me sentir vivre, me sentir avoir envie de vivre…au lieu de me sentir étouffer, de chercher sans cesse mon air…et cette triste date anniversaire qui me hante…Fabien, 18ans bientôt que tu es parti…si j’avais osé parler, si j’avais osé affronter les tabous, briser les chaînes du silence, si seulement…peut-être que tu aurais pu, toi aussi, parler, te confier, trouver une oreille attentive à ta souffrance…ce coup de feu résonne à jamais dans mon esprit…ce coup de feu qui a pris ta vie, ce coup de feu que j’aurais si souvent souhaité qu’il prenne cette vie qui est la mienne…j’aurais souvent souhaité te rejoindre, je n’ai pas eu ton courage...je n’ai pas eu la force de tout arrêter, je me suis infligée une toute autre punition : le devoir de vivre…je n’ai pas su mourir, je ne sais pas vraiment mieux vivre…je suis dans cet entre-deux incapable de choisir…mais toi, tu méritais de vivre, la mort t’a emporté par erreur, c’est moi qu’elle aurait dû prendre…ta vie aurait été bien plus précieuse que la mienne, bien plus valeureuse…mais peut-être que c’est la vie qui ne te méritait pas…je souhaite de tout mon cœur, plus que jamais que là où tu es parti, tu reposes heureux, en toute sérénité, que ta douleur a été entendue et apaisée…tu mérites tant…et je voudrais tant que si je parviens à mener ce combat, si je parviens à me sortir de cet enfer, si je parviens à naître à la vie, ce soit en hommage à la tienne trop vite interrompue…
"c’est le temps perdu pour ta rose qui rend ta rose si précieuse… "(le Petit Prince)
c’est le temps perdu pour ta guérison qui rend ta guérison si précieuse…
c’est le temps perdu pour ta vie qui rend ta vie si précieuse…