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mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
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22 septembre 2008

maman, si tu avais su lire dans mes yeux noirs...

Maman,

aujourd’hui, je t’écris car je ne peux te parler directement, je ne m’en sens encore pas la force…je t’écris car visiblement tu ne comprends pourquoi j’ai besoin de prendre un peu de distance non pas d’avec toi mais d’avec notre relation qui aurait fini par nous détruire mutuellement…tu ne comprends pas pourquoi j’éprouve ce besoin et moi je ne comprends pas que tu ne puisses pas le comprendre…j’ai le sentiment que tu n’as jamais été en mesure d’entendre réellement ma souffrance d’enfant, tu as toujours sauvé la face en te donnant bonne conscience, en disant que tu avais toujours pensé bien faire et que tu ne voyais pas pourquoi tu te reprocherais quoique ce soit, il ne s’agit pas de se reprocher quoi que ce soit mais juste d’assumer ses actes, ses décisions…tu as toujours choisi pour moi, tout en prétendant me laisser une totale liberté…mais où se situe la liberté dans ces conditions, quand, certes, il n’y a aucune demande explicite mais que tout se situe dans l’implicite…tu as voulu faire avec moi ce que tu aurais aimé que ta mère fasse avec toi…tant et si bien que tu t’es confondue en moi, et ainsi a totalement écrasé toute trace identitaire en moi  …Maman, tu n’as jamais voulu m’entendre dans le sens premier de ce terme…car chaque fois que je te parlais, tu ramenais tout à toi avec un oui mais moi je…qui me hérisse au plus au point…tu t ‘étonnes quand je dis que j’aurais aimé que tu parles avec moi quand j’étais enfant, car je ne t’en ai jamais fait la demande…mais tu ne veux pas entendre que ce ne sont pas aux enfants d’initier le dialogue avec ses parents mais bel et bien le contraire…je ne voulais pas parler me dis-tu …mais je n’ai pas souvenir que tu m’ais toi parlé et cette injonction tacite à se taire…un jour tu m’as dit je suis comme Maria Pacôme dans La Crise-un de tes films cultes-, j’ai suffisamment sacrifié ma vie de femme pour être mère, maintenant que je peux enfin m’épanouir en tant que femme, tu ne vas pas m’en empêcher même si ça ne te plaît pas…mais maman, je ne t’ai jamais rien demandé : c’est toujours toi qui as choisi, tu as toujours fait tes choix et t’en déchargeant sur les autres pourtant, alors pour une fois assume…je n’ai jamais demandé à ce que tu sois omnipotente, omniprésente, omnisciente, omni-mére, omni-…, omni-…le pire dans tout ça, c’est que tu ne te rends même pas compte que ce que tu reproches depuis tant d’années avec tant de virulence à ta propre mére, tu le reproduis mais de façon bien plus vicieuse car déguisée avec tes enfants…ce chantage affectif que tu méprises plus que tout…

Maman, cette petite fille dont tu me mettais la photo sous les yeux peu avant mon départ et dont tu me disais qu’elle ne demandait qu’à vivre….tu te souviens… ?j’en ai eu les larmes aux yeux…mais c’est petite fille, faute d’avoir pu se construire est en train de crever…elle hurle en moi de douleur, elle me harcèle, elle me supplie de la laisser vivre mais je suis incapable d’en prendre soin, de lui sauver la vie, de la faire naître, de lui permettre de se construire…cette petite fille est en quête de repères qu’elle n’a jamais eus, elle souffre de pas avoir bénéficié des bases fondamentales de la vie…cette petite fille m’implore moi dans ce corps d’adulte de 32 ans, me supplie de lui venir en aide…mais j’en suis bien incapable, et pour cause car la petite fille de la photo, c’est moi…cette petite fille garde en mémoire le souvenir de tous les traitements subis soi-disant pour guérir son eczéma…cette petite fille est en train de mourir, faute d’avoir été autorisée à vivre, faute deavoir, par elle-même, su trouver les ressources nécessaires pour survivre…et ça tu n’as jamais semblé vouloir l’entendre…quand je te dis que je me sentais enfant, que je me suis enfermée dans un monde silencieux, autistique, monde dans lequel j’étais mon propre interlocuteur, tu me réponds inlassablement, oui mais tu ne voulais pas parler, tu ne me parlais pas…mais est-ce vraiment aux enfants de parler à ses parents ou aux parents d’initier le dialogue avec son enfant : l’autoriser à se livrer en toute confiance, en toute sécurité, sans tabou, ni  jugement…je crois que l’un des points de départ de cette saleté de maladie se situe là également…et quand j’ai plus tard tenté de te parler de mon enfance, quand j’ai tenté de parler de ce que j’ai pu ressentir, inlassablement tu me disais oui mais moi…

Tu m’as toujours dit : tu peux tout me dire, je suis prête à tout entendre, aujourd’hui je pense que si tu me disais tout ça, c’était non pas dans mon intérêt mais pour que personne d’autre n’entende ce qui s’était passé dans mon enfance, si je te le disais à toi, j’en serais libérée et je ne ressentirais plus le besoin de le dire à quiconque, ça resterait entre toi et moi…

Tu m’as aussi toujours dit que tu n’attendais rien de moi, or là aussi tes paroles sont  trahies par tes actes : tu ne me demandes peut être rien directement mais la demande est tellement forte que je l’ai ressenti toute petite, à tel point que j’ai vécue branchée sur toi, sur tes angoisses, tes désirs, tes sentiments, tes envies,…et aujourd’hui à 32ans, je prends conscience que si je ne prends pas cette distance avec toi, je ne serai jamais en mesure de me construire car quoique que tu dises, quoique tu dises me laisser ma liberté, tu me bouffes, ton regard me bouffe, ta pensée me bouffe…quand comprendras-tu donc que je ne suis pas toi…quand cesseras-tu de vouloir tout maîtriser dans ma vie, tout en prétextant vouloir m’aider, et en ayant en plus, le culot de te plaindre auprès des autres que tu en as marre de devoir toujours t’occuper de moi…or quand je prends mes distances, quand je te laisse vivre, quand je te laisse tranquille, tu sembles ne pas le supporter, tu me dis que c’est encore pire si je ne suis pas sous tes yeux…sous tes yeux, mais pourquoi ? pour me surveiller encore, tu ne penses pas que les dégâts sont suffisants et qu’il est temps que ça cesse ?tu n’acceptes pas ton impuissance face à ma maladie et c’est pourtant de cette seule façon que tu pourras m’aider, tu ne peux pas être, vivre, décider, désirer, aimer, détester, prôner, juger, condamner à ma place…aucun parent n’a ce droit sur son enfant…tu me reproches sans cesse d’être toujours négative, mais t’es-tu une seule fois interroger sur la raison de cette négativité qui me colle à la peau ? tu me reproches de toujours me poser en victime, mais au fond, que fais-tu toi depuis tant d’années ?tu te dis victime de ton frère, victime de ta mère, victime de ton mari, victime de ta fille, victime de cette société que tu critiques à tort et à travers persuadée de détenir la vérité pour tout le monde…aujourd’hui, je prends du recul en instituant cette distance entre nous, et tout à coup, les paroles du pr rigaud prenne sens, je réalise que tout ce que tu m’as imposé quand j’étais enfant n’est pas tolérable, même si tu penses avoir fait le meilleur choix, agit pour mon bien…mais aveuglée par ton obsession du sain et du bio, tu n’as jamais pu te rendre compte que la petite fille que j’étais souffrait bien plus de tous ces traitements farfelus que de cette maladie de peau en elle-même…oui c’est bien ça aveuglée par ton obsession alimentaire, aveuglée par ton ego, tu n’as pas vu…aujourd’hui je réalise enfin que tout ça n’est pas normal et que tu n’avais pas le droit de me faire subir tout ça même si tu étais convaincue que c’était pour mon bien…tellement convaincue que tu n’as jamais voulu admettre que j’étais cette petite fille au regard triste, cette petite fille dont vous vous moquiez en la surnommant l’enfant martyre…non je n’étais pas martyre, j’étais simplement mal dans ma peau, coupable d’être née, coupable de vivre, coupable de ne pas te rendre heureuse, coupable de t’avoir déçue….

Mais tu restes ma mère et malgré tout je t’aime, malgré cette rancœur, malgré cette colère que je ne parviens pas à exprimer et que je retourne contre moi, malgré tous ces conflits en moi, oui tu restes ma mère et j’espère un jour que nous pourrons nous retrouver dans de meilleures conditions mais pour le moment, laisse-moi s’il te plaît me construire

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Commentaires
mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
  • mon naufrage dans les affres d'une maladie d'une perversité absolue...mon combat pour en sortir... anorexie mentale, tu t'es incrustée insidieusement dans ma vie...ce cauchemar absolu...me réveillerai-je un jour sans toi...
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