Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
Catégories
4 avril 2010

lettre à...

 Maman,

….j'ai longtemps voulu t'appeler, sans jamais y parvenir…je restais tétanisée le téléphone entre les mains…pourquoi me diras-tu…pourquoi, comme toi, je l'ignore…alors j'essaie de t'écrire ce courrier car il y a beaucoup de choses à mettre au clair me semble-t-il. Par où, par quoi commencer… le début…il y a presque 2ans maintenant que je suis partie avec tes derniers mots qui me résonnent encore souvent en tête: "ben si t'as envie de mourir, pars et inch alla"…en toute logique, en ta logique, je ne devrais pas t'écrire puisque je devrais être morte…pourtant je t'avouerai que je ne suis pas claire sur ce point. Alors voilà, je suis partie sans donner de nouvelles avec toutefois l'intention d'en donner mais plusieurs de tes réactions m'en ont dissuadée…allez dire à ma sœur, qu'il ne faut pas m'écouter que je ne suis qu'une menteuse, sans doute oui…Et puis alerter Monsieur R. en lui disant que j'étais aux bras de la mort que tu ne supportais plus de me voir ainsi alors tu avais passé le relais à mon père -hospitalisé à l'époque, sans doute l'avais-tu oublié- mais qu'il fallait me prendre au plus vite…H. a été très étonnée de m'entendre quelques heures après…et puis je ne sais ce que tu es allée lui dire à  lui, mais je m'en suis pris plein la tête, si jamais il arrivait quelque chose à sa femme, j'en serais la coupable, il me détestait, je l'avais trahi, je ne fais que le décevoir,…

Voilà ce qui m'a dissuadée de te donner des nouvelles, j'ai autorisé ma sœur à t'en sonner si elle voulait sinon qu'elle te renvoie vers papa mais je ne voulais à aucun moment de ces deux ans qu'elle te dise où j'étais. Apparemment c'était très lourd à tenir pour elle, je me prenais des réflexions de tous côtés comme quoi on ne savait plus quoi te dire ni comment. Et j'ai même eu le reproche que tu n'aies pas demandé de mes nouvelles la dernière fois que tu as appelé papa au sujet de la maison, il a raccroché le téléphone en pleurs…

 Donc voilà pourquoi je me décide à t'écrire, je sais que tu souffres de la situation mais je ne vois pas d'autres solutions pour l'instant…tu restes ma mère quoiqu'il arrive, je reste ta fille si tu le désires sinon je n'en ferai pas un drame mais pour le moment les choses restent ainsi dans ces conditions avec ces limites…

En deux ans, il s'est passé beaucoup de choses pour moi, j'ai fait un énorme travail avec Mr r., H., ma nouvelle diététicienne et le reste de l'équipe médical du nouveau centre de D. . Le travail a été très fructueux mais il m'a fallu entendre le terme de maltraitance physique et psychique dans une certaine mesure de la part de ma mère…c'est pourquoi Mr R. attendait pour vraiment me prendre en charge que je me détache de toi. Ça a été très dur à entendre, accepter et réaliser que ça pouvait être vrai de la part de ma mère sensée être d'un amour inconditionnel pour moi. Tu ne peux pas savoir à quel point je me sentais coupable, j'avais honte, je me sentais ingrate, je me sentais comme montrée du doigt : même sa mère ne l'aime pas…mais les piqûres de gaz de ton médecin de prédilection, le fait de savoir qu'on t'ait parlé de dépression quand j'avais 7ans et que tu n'as rien fait, certaines réflexions, certaines attitudes m'ont énormément marquée et aujourd'hui encore j'en fais des cauchemars…Alors certes, tu l'as fait pour mon bien…mais t'es-tu posé une fois la question sur l'objet de ma tristesse? A part me répéter que c'était de ma faute, enfant, on choisissait de naître dans une famille donc on assumait. Et me répéter que j'étais trop négative…Mais là encore t'es-tu une fois posé la question de savoir d'où cela pouvait venir? Que ce soit conscient ou non, volontaire ou non, ne penses-tu pas m'avoir emplie de négativité dés ma naissance et peut-être même bien avant: je suis née de la haine entre mon père et ma mère, je suis née pour donner un petit frère à ma sœur, je suis née alors que tu ne voulais pas de deuxième enfant pour qu'il n'ait pas toutes tes maladies qui t'ont tant fait souffrir enfant, et que tu ne voulais surtout pas que ton enfant en souffres. Mais t'es-tu remise en question quand à la résonance que peut avoir ces phrases ces attitudes dans les soins de peau chez un enfant et bien des années plus tard? Comment puis-je m'aimer en n'étant pas enfant du désir entre mes parents, en voyant la haine permanente entre vous deux. Et tu ne cessais de répéter que tu savais que tu avais fait une erreur en épousant mon père, mais qu'il fallait que tu gagnes à ce prix ta liberté vis-à-vis de ta mère…Certes, je peux le concevoir mais de là à sembler s'en vanter et rester autant d'années avec un homme que l'on méprise et déteste et le pire de tout avoir deux enfants avec lui. Quand tu ajoutes à cela la moquerie des autres élèves -soit pour toi ça venait de mon attitude- et les crachats dans le bus scolaire dont tu n'as jamais sans doute entendu parlé puisque selon toi, c'est à l'enfant de parler à ses parents…C'est ta conception des choses, elle te convient, tu penses avoir fait bien. Ce n'est pas cela que je viens remettre en cause mais le fait que tu aies plus ou moins sournoisement, plus ou moins consciemment voulu me l'imposer. Tu peux très bien être persuadée avoir fait pour mon bien et moi l'avoir très mal ressenti. A ces choses-là, on y peut rien…Tu vas me dire que c'est faux puisque ma sœur n'a pas réagi comme moi…mais tu sais très bien qu'il y a toujours un enfant cible dans une famille sur lequel les événements et les choses acquièrent une importance paroxystique.

Tu as souvent dit que tu avais directement ou à d'autres personnes que tu avais sacrifié ta vie pour moi et que je te la pourrissais encore d'une certaine façon avec l'anorexie mais est-ce que je t'ai demandé un jour de réagir ainsi? Maintenant tu peux vivre ta vie pour toi, je ne suis plus là pour t'embêter alors arrête de faire une fixation sur mon état et de poser la question à x personnes, après c'est sur moi que ça retombe…de toutes manières désormais, ils te diront ce qu'ils veulent sans me demander mon avis ou pas, je m'en moque bien…mais ne cherche pas à traquer chez eux des contradictions, surtout avec celui que j....ais car j'ai décidé de ne plus le voir après le mal qu'il m'a encore fait il y a quelques temps. Il ne désire qu'une chose : c'est protéger, préserver, son image dans sa famille. C'est la seule raison pour laquelle il s'intéresse encore à moi: je suis un danger pour lui, même si ses peurs sont bien vaines.

Alors oui j'ai donc bien fait mon séjour de dix mois à D., séjour au cours duquel, j'ai d'ailleurs été complètement chamboulée par une de tes idées délirantes: comment oses-tu dire en toute innocence et sans te douter des conséquences que ça pourrait avoir, que la mémé a subi un avortement et que je serais la renaissance de cet enfance avorté…mais pour quelle raison vas-tu dire ça…tu te rends compte, je peux te dire que tu as eu de la chance que l'équipe thérapeutique était autour de moi lorsque j'ai appris ça car ça m'a mis dans un état de nerfs démesuré, je te vois venir en avançant que c'est parce que c'est la réalité que j'ai réagi ainsi…mais il va falloir que tu arrêtes d'envahir ma vie avec tes histoires qui te rassurent, qui t'arrangent, qui te déculpabilisent…je suis qui alors pour toi, ta sœur ou ta fille, et qui est décédée la mémé ou ma mère…je peux également te dire que je fais toujours des cauchemars de ces piqûres de gaz, je me souviens avec une belle angoisse de ces dimanches et parfois mercredis où la consigne était implicite, je devais me coucher sur le canapé et voilà j'étais tranquille jusqu'à la suivante…Mais sais-tu que longtemps pendant et après cette période, je veillais bien à ce qu'il n'y ait personne sous mon lit et je dormais le dos plaqué au mur par peur qu'on me fasse une piqûre pendant mon sommeil…mais que pouvais-je dire face à ce Dieu tout puissant qui est ton médecin de prédilection. Tout comme ce fameux F. qui était outré que tu ne connaisses pas la consistance de mes selles, à qui je dois maintenant une sérieuse constipation tellement j'avais honte que tu me vois…et tous ces autres soi-disant médecins…Plusieurs médecins m'ont même dit que je serais en mesure de porter plainte pour ces soins destructeurs et abusifs. Mais bien sûr, pour toi ça reste de ma faute, je n'avais qu'à le dire…Mais comment dire de telles choses quand on a 7-8ans…Alors on s'enferme dans sa bulle solitaire, autistique, on s'invente une vie remplie d'amis, on rêve sa vie faute de pouvoir la vivre…Peut-être trouves-tu que j'en rajoute mais les souvenirs se sont bien ancrés dans mon esprit et quand il a fallu en parler, la douleur a été vive…

Et puis mon séjour a pris fin sur la décision de partir dans le Gard chez des personnes  avec qui la vie paraissait si simple, le temps de me faire des repères sains et de trouver un appart et un emploi: me faire ma vie à moi selon mes critères sans jugement ni critique. Tout s'est plutôt bien passé, l'anorexie restait trop présente mais beaucoup moins, jamais aussi peu présente à une sortie d'hôpital et j'étais fermement décidée à ne plus y remettre un pied. Peu à peu je semblais m'apprivoiser à la vie et elle à moi après tout ce que j'avais pu reconstruire c'était la moindre des choses même si ça n'était pas toujours facile quand on est seul face à soi-même…Et puis il y a eu ce jour où ma ballade à vtt a été écourtée par un inattentif au volant. Personnellement, je n'en ai aucun souvenir, tout ce que je sais c'est ce qu'on a bien voulu me dire et dossier médical qui n'en rajoute qu'un peu plus. On ne t'en a parlé mais qu'aurais-tu fait? Tu serais arrivée avec ton fidèle compagnon pour me sortir de l'hôpital et vouloir me soigner à sa façon. Mais je peux te dire que sans les médecins, je n'en serais pas là aujourd'hui: traumatisme crânien, hémorragie cérébro méningée, coma, côtes cassées, rate déchirée, hanche et bassin fracturés et le plus dur encore les conséquences psychologiques entraînées par cet accident dont la dépression dans laquelle je m'enfonce jour après jour…mais comme on me l'a souvent dit j'ai eu la chance de m'en sortir à moindres frais après être restée une heure sur le macadam à attendre les secours…certes…beaucoup pensent que j'ai eu de la chance…pourtant j'aurais bien préféré que cet accident m'emporte avec lui, je ne dois vraiment pas être faite pour la vie, je ne voulais pas naître c'est bien pour une raison….voir tous ces efforts de dix mois et même plus anéantis par un tel choc….vraiment ça ne vaut pas la peine de se battre et tout le monde aurait été soulagé. On aurait plus eu à penser à moi, à s'inquiéter pour moi, on aurait pu faire mon deuil et vous seriez bien plus tranquilles. Seulement la mort ne semble pas vouloir de moi, je suis trop lâche, et je suis condamnée à vivre une vie que je déteste et que j'aurais aimé ne jamais connaître…

Voilà, aujourd'hui je suis chez papa et ma belle-mère pour plus de sécurité face à la dépression, en attente d'une place dans un service pour trouble alimentaire et dépression. Maintenant, tout ce que je peux te dire actuellement, je ne te veux aucun mal mais ne supporte plus le mal que la petite fille a ressenti en son temps. Bien entendu, je ne t'en tiens pas responsable ni coupable, puisque tu as toujours pensé bien, c'est le principal…mais voilà, j'en resterai là…

Tu aurais sans aucun doute préféré entendre autre chose mais je t'avoue que tu me sembles tellement différente de ce que j'ai pu croire que tu étais, tellement différente, que je n'arrive même plus à imaginer ce que tu peux attendre de moi. En revanche, une chose est certaine, je sais ce que j'attends de toi: que tu vives ta vie, que tu sois heureuse avec ceux et là où tu te trouves mais je ne souhaite pas en faire partie. Tu as fait ton choix, c'est très bien pour toi, je l'approuve pour toi mais ne m'oblige pas à y adhérer pour moi pour ton ou ce que tu imagines mon bonheur. Tu me manqueras à jamais c'est certain, une mère c'est tellement important dans une vie mais visiblement tu n'as pas choisi de te conformer à la mère courante ou classique. Enfin, tu as fait ton choix, je le respecte mais n'y adhère pas…Et puis pour moi la vie reste un poids, un fardeau que je vais devoir porter jusqu'à ce que ma fin arrive, je ne comprends que trop pour une fois le souhait de la mémé en fin de vie…le plus sordide dans cette histoire est que je n'ai que 34ans…mais 34ans bien trop chargés et indésirables.

Voilà, je m'arrêterai là, je ne peux rien te promettre concernant l'avenir, puisque cet avenir est des plus incertains me concernant…alors vis ta vie et soit heureuse, je ne peux rien de plus pour toi…

 

 

Publicité
Commentaires
P
"Il ne désire qu'une chose : c'est protéger, préserver, son image dans sa famille. C'est la seule raison pour laquelle il s'intéresse encore à moi: je suis un danger pour lui"<br /> <br /> ===================================================<br /> Peut-être ta mère à elle aussi ça en enjeu vis à vis de toi. <br /> <br /> Et donc, pas étonnant que tu rejoues la même chose avec lui. C'est courant de rejouer certaines saynettes du passé dans ses histoires d'A.<br /> <br /> En tout cas, tu ne mesures pas mais tout au long de là où on s'est croisé fut un temps (d...), c'est exactement ce que j'essayais de te dire par rapport aux parents (et par rapport à la mère en particulier). S'en éloigner le plus possible.<br /> Le nombre de fois qu'on s'est disputé la dessus !<br /> <br /> Je me souviens à l'époque, tu ne comprenais pas. Tu étais choquée et même outrée, révoltée qu'on puisse penser du mal de sa mère, la voir comme toxique etc... Et c'était très fort chez toi.<br /> <br /> Très très fort. C'est même ce qui me faisait dire que tu étais foutue. Condamnée.<br /> <br /> Tu n'imagines pas le parcours que tu as fait depuis ! <br /> <br /> Il est ÉNORME. A mon sens, tu es celle qui a fait le plus de chemin depuis d. <br /> <br /> Je ne te parle pas en terme de guérison mais en terme de parcours vers la guérison, vu d'où tu viens.<br /> <br /> Sincèrement, je n'aurais jamais imaginé que tu puisses le faire un jour tout ce chemin, tant tu me paraissait obtu et surtout je dirais "endoctriné". Dans le noir complet.<br /> <br /> A ce stade où je te lis là, je pense que oui, tu es née pour vivre. <br /> <br /> <br /> Maintenant tu n'imagines pas non plus comme ça me fait plaisir de te voir libérée de ce mythe de la mère. <br /> Proportionnel à l'agacement que tu m'inspirais sur d... lol. <br /> <br /> Je ne viens pas souvent sur ton blog du genre une fois par an mais ta délivrance est un véritable bonheur pour moi.<br /> et je suis heureuse de m'être trompée sur toi, tu n'imagines pas.<br /> <br /> Le reste, les soins, la dépression, etc... C'est juste des étapes secondaires. <br /> Du nettoyage. La tête est passée, reste le corps. Tu garderas des séquelles, ça prendra des années, une vie. Peu importe. Dorénavant tu es libérée.
mon_combat_pour_vivre_libre:l'anorexie au delà des apparences
  • mon naufrage dans les affres d'une maladie d'une perversité absolue...mon combat pour en sortir... anorexie mentale, tu t'es incrustée insidieusement dans ma vie...ce cauchemar absolu...me réveillerai-je un jour sans toi...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité