au sujet de l’entraide, l’aide, l’assistance, du soutien,…

dans les troubles alimentaires…

je me pose souvent ces questions :

-comment peut-on aider au mieux quelqu’un qui souffre ?

-peut-on aider quelqu’un qui ne demande pas d’aide ?

-est-il légitime de vouloir aider quelqu’un qui ne demande pas d’aide ?

-à quoi peut-on reconnaître une demande d’aide ?

-le besoin, la demande d’aide ne présente-t-il pas une ambivalence ?

tous ces éléments m’interrogent et ce d’autant plus que j’y suis confrontée en tant que malade et en tant que co-malade…

une personne atteinte de troubles alimentaires peut-elle en aider une autre ?en a-t-elle les moyens, est-ce légitime ?et quelle intention se cache réellement derrière cette aide ?

plus que dans tout autre pathologie, la relation, d’aide, d’entraide est ambiguë en matière de troubles alimentaires…d’une façon générale, je me demande comment peut-on aider une personne qui est au fond du trou si celle-ci ne tend pas le bras : ne fait pas la demande explicite ou implicite -au pire- d’être aidée…le risque n’est-il pas qu’en voulant lui tendre le bras : en voulant lui venir en aide, elle nous entraîne avec elle au fond du trou ? à mon humble avis, je pense que le risque est immense de se laisser emporter avec l’autre au fond du trou, d’autant plus dans les troubles, d’autant plus quand on en est soi-même atteint, qu’on est encore fragile…les comportements anorexiques de l’autre font souvent écho à notre partie malade, l’alimentent et ont vite fait de nous attirer du côté de maladie, de nous laisser entraîner du mauvais côté : celui de la maladie…il faut bien moins de temps pour re-sombrer dans les affres de la maladie que pour s’en éloigner d’un seul petit pas…et puis dans les troubles alimentaires, l’anorexie en particulier, il y non seulement des bénéfices secondaires qui font que l’envie, la volonté de s’en sortir, la demande d’aide sont ambiguës mais aussi une certaine rivalité, compétition entre malades à vouloir être la meilleure, l’unique Anorexique…avec un A majuscule…d’où, plus que dans n’importe quelle autre pathologie, on constate cette volonté d’aider l’autre, en la poussant, la motivant à vaincre ses symptômes…entendons par-là, à manger et prendre du poids…la relation d’aide entre personnes anorexiques reste donc plus que tout ambiguë et complexe…pour ma part, je ne pense pas que lorsque l’on est en plein dans la maladie, on puisse réellement venir en aide à l’autre : on peut se soutenir, on peut s’encourager mais en aucun cas aider…aider demande une part de crédibilité face à la maladie, face à la guérison, aider demande d’avoir pu prendre soi-même un peu de recul avec les symptômes mais aussi soi-même, et s’être suffisamment extraite de la maladie pour ne plus ressentir cette rivalité, ce besoin maladif d’être la meilleure-la pire devrais-je dire…et puis, aider efficacement demande également d’être soi-même suffisamment solide pour ne pas écouter cette fameuse petite voix anorexique qui tente par tous les moyens de nous ramener à elle…comment peut-on aider, convaincre quelqu’un que la vie est belle, que la vie ne se résume pas à peser un certain poids quand on est soi-même convaincue du contraire…quand on se fixe sur un chiffre sur une balance et qu’on a le nez dans son assiette à compter les calories qu’on refuse d’ingurgiter mais qu’on ferait bien avaler à l’autre avec un entonnoir si nécessaire…on va encore dire que je suis bien pessimiste, bien cynique quant à l’humanité d’une personne anorexique…mais pour être en plein dedans je sais que la réalité n’est pas loin…alors aider oui, assister ou cautionner la maladie, non…l’anorexie est une maladie où se jouent bien trop de choses : entre les bénéfices secondaires, les idées fausses, les fausses excuses, le besoin de compétition, la jalousie, l’envie, la peur, les angoisses, la dysmorphophobie, la honte, la culpabilité, l’envie mais…, la volonté mais…, l’autodestruction, l’aliénation aux calories, l’hyperactivité physique et psychique, la dissimulation, le mensonge, le déni, le manque de confiance en soi ou l’excès de confiance en soi vrai ou illusoire…beaucoup, beaucoup trop de choses se jouent là pour pouvoir aider les autres quand on est en plein dedans…alors si on commençait par s’aider soi-même, je crois que ce serait la meilleure aide que l’on pourrait apporter aux autres, montrer l’exemple…là oui on pourrait être fière, là oui, on pourrait convaincre que la vie vaut la peine d’être vécue pleinement sans se cacher derrière cet affreux monstre nommé anorexie mentale…oser en sortir demande bien plus de courage que d’y rester…oser en sortir pour enfin vivre…

Comments

[fabrice]

cette thérapie semble pouvoir t'apporter tout le potentiel pour mener à bien ton combat..
continues raphaele

[MARIE AURORE]

Ce sont ttes ses questions que l'on se posent quand on est en train de s'en sortir et je vois que tu es sur le bon chemin pour prendre du recul avec la maladie, continue, ne lâche rien, fonce à ton rythme sans brûler les étapes, toi tu es en train de sortir de cette putain de maladie et tu vas pouvoir enfin pouvoir voir la vie tout autrement car oui la vie est difficile elle n'est pas rose tout les jours mais c'est ce kon a de plus chère dans ce monde : la vie. Elle vaut vraiment le coup d'être pleinement vécue .

Merci encore pour ton soutient et ta présence , ton aide .
BISOUS JE PENSE FORT A TOI MARIE AURORE